La Chanson de Roland, XIe siècle - Texte écho

La chanson de Roland est un poème épique et une chanson de geste du XIe siècle relatant les exploits et le trépas de Roland, neveu de Charlemagne. Le récit est basé sur des événements historiques réels : en 778, au col de Roncevaux, dans les Pyrénées, l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne est attaquée et détruite par les Sarrasins1. L'extrait qui suit se déroule alors que la bataille fait rage.

La bataille est merveilleuse et confuse.
Le comte Roland s’expose sans compter
Et frappe de la lance tant que le bois lui dure.
Mais quinze coups l’ont brisée et perdue.
Il tire Durandal, sa bonne épée nue,
Éperonne son cheval et va frapper Chernuble.
Il lui brise son heaume2 là où luisent les escarboucles3,
Coupe la coiffe et la chevelure.
Lui tranche les yeux et le visage

Le blanc haubert4 aux mailles menues,
Et tout le corps jusqu’à l’enfourchure,
Jusqu’à la selle qui est couverte d’or.
L’épée entre dans le cheval,
Lui tranche l’échine sans chercher la jointure,
Et abat mort l’homme et la bête sur l’herbe drue du pré.
Il lui dit ensuite : « Maraud ! tu as eu tort de venir,
Ton Mahomet ne te viendra pas en aide.
Tel glouton ne gagnera pas la bataille. »

Le comte Roland chevauche parmi le champ de bataille ;
Il tient Durandal, qui bien tranche et bien taille ;
Des Sarrasins il fait un grand carnage.
Ah ! si vous l’aviez vu jeter un mort sur l’autre,
Et le sang clair répandu sur la place.
Le haubert et les bras de Roland sont sanglants,
Le cou et les épaules de son bon cheval sont sanglants.

Olivier aussi chevauche à travers la mêlée ;
Sa lance est rompue, il n’en a plus qu’un tronçon
Et va frapper un païen5 : Malsaron.
Il lui brise son écu6, orné d’or et de fleurons7 ;
Il lui fait jaillir les deux yeux hors de la tête,
Et la cervelle du païen lui tombe sur les pieds ;
Il l’abat mort avec sept cents des siens.
Puis, il a tué Turgis et Estorgus,
Mais sa lance a volé en éclats jusqu’à son poing.

(Orthographe modernisée de l'ancien français.)

1. Sarrazins : nom donné durant l'époque médiévale aux populations musulmanes. 2. Heaume : casque protégeant toute la tête. 3. Escarboucle : pierre fine de couleur rouge. 4. Haubert : cotte de mailles, protection du haut du corps. 5. Païen : désigne ici tout ce qui n'est pas chrétien. 6. Écu : bouclier. 7. Fleurons : dessins figurant une feuille ou une fleur.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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